Les régimes alimentaires sont certes utiles, mais ils n’aident pas vraiment à modifier durablement notre façon de consommer. Peut-être faut-il aller chercher plus profond et questionner ce qui se passe de fait derrière notre acte de manger. Les réponses à cette question pourraient nous conduire, sans moralisme ni complaisance, à réduire humblement notre impact sur la création.

Aussi banal que cela puisse paraître, manger consiste en effet à absorber un corps étranger venant faire corps avec nous. L’aliment prend place en nous et impacte non seulement notre physiologie, mais également notre moral et notre être intérieur. De ce fait, je ne suis jamais exactement le même après avoir mangé un bon repas ou une simple barre de céréales.

Et je ne suis jamais seul non plus devant mon assiette. Suis-je conscient de toutes les personnes qui – à travers le monde, au près ou au loin – ont permis que les fruits de la terre soient acheminés et apprêtés grâce à leur travail? Il en est de même pour les produits issus du monde animal. Je suis de ce fait redevable à une large communauté d’hommes et de femmes. Ceux-ci viennent prendre place autour de la table, aux côtés de ma famille et de mes amis, réunis avec moi au moment du repas.

Prendre conscience de ce qui se produit en moi et de ce qui se passe autour de moi, permet à la fois l’attention et la reconnaissance. Je serai alors plus attentif à ce que cet aliment, qui vient jusqu’à moi et fera partie de moi, ne soit ni volé aux autres ni galvaudé par un usage inapproprié.

Manger en pleine conscience – je veux dire: être là et non pas ailleurs, dans nos smartphones par exemple – nous aidera à sentir davantage ce lien quasi intime à la terre et à tous ceux et celles qui la travaillent et en prennent soin.

En tant que croyants, nous pourrons par ce fait rendre honneur à la Source vivifiante, dispensatrice de tout don; et nous sentir éminemment redevables à Dieu, Père et Mère, Source qui anime tout être qui vit.