Le thème de la « suivance » de Jésus n’est jamais facile à traiter. C’est ce qui le rend intéressant ! On a fait de la passion, de la souffrance, du sacrifice de sa vie des conditions pour obtenir le salut au prétexte que Jésus nous aurait montré la voie. Je ne crois pas que cela puisse être le cas, pour la bonne et simple raison qu’il n’y a rien à « faire » pour être sauvé. La vie plénière nous est offerte gratuitement. Alors faut-il renoncer à prendre Jésus comme exemple ? Je ne pense pas non plus que ce soit recommandable.

Ce qu’il s’agit d’imiter, c’est l’attitude intérieure de l’homme Jésus. Mais qu’en savons-nous ? Nous n’en connaissons que ce que nous disent les évangiles. Nous savons en particulier que Jésus dit à son père : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14.36). Cela signifie pour nous « renoncer à son moi » fermé sur lui-même (cf. Mc 8.34ss.). Cela signifie avec l’apôtre Paul affirmer que « je suis crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Or Paul interprète cette crucifixion avec le Christ en affirmant : « je vis ma vie présente dans la foi du Fils de Dieu » (Galates 2.19b-20). Ce que je peux imiter, c’est la confiance et toute la manière de comprendre sa vie que Jésus nous a montrées. Et si je les imites, c’est parce qu’en Jésus Dieu m’a donné l’exemple d’une vie sauvée, c’est-à-dire d’une vie vraiment libre, d’une vie qui a vraiment un sens.