Ce paradoxe vieux en tout cas comme le moyen-âge est très intéressant. Loin de nous inciter à nier l'existence de Dieu, il nous oblige à réfléchir à ce que nous faisons quand nous parlons de Dieu. Et il nous fait découvrir que nos mots et nos idées humains sont absolument incapable de saisir ce qu'est Dieu. Quand nous Le disons tout-puissant, faisons très attention de ne pas projeter sur Lui nos attentes. Du reste lorsqu'il s'est manifesté à nous en Jésus de Nazareth, sa toute-puissance ne correspondait absolument à ce que l'on entend par là. Un Dieu qui naît dans une mangeoire adoré d'abord par ces marginaux qu'étaient les bergers et un Dieu qui passe sa vie à scandaliser ses contemporains et un Dieu qui meurt sur une croix, le plus abominable supplice alors inventé, ce n'est pas tout à fait ce que nous imaginons quand nous parlons de Sa toute-puissance... Le seul qualificatif qui me semble pouvoir caractériser un être Absolu, c'est qu'il doit être libre. Il est libre d'être puissant ou de ne pas l'être, d'être patient ou de ne pas l'être, de nous surprendre comme bon lui semble... Par ailleurs quand on parle des attributs de Dieu, pensons en termes relationnels et pas à ce qu'est Dieu en et pour lui-même. Luther dit avoir découvert que la justice de Dieu n'est pas celle par laquelle il est juste juge, mais que c'est la justice qu'Il nous donne, grâce à laquelle Il nous considère sans raison comme justes. De même la puissance de Dieu est celle par laquelle il nous rend puissants. Sa sagesse est celle par laquelle il nous rend sages. Son amour même est celui par lequel il veut nous rendre aimants.