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Des solidarités en peine

6 mai 2025
Dossier
Donner un coup de pied dans la fourmilière, telle semble être la volonté de l’administration Trump en gelant les subsides d’Usaid et en bouleversant toute l’aide au développement. Ce désengagement fragilise des liens déjà imparfaits, souvent contestés, mal vécus, mais néanmoins vitaux. D’autres modèles ont émergé dans les pays bénéficiaires. Quelles que soient les transformations à venir, reste à savoir si l’idée d’une humanité commune pourra survivre – ou renaître.
©Max Idje
Édito
La suspension de l’aide américaine au développement est vécue à juste titre comme un séisme par l’ensemble des acteurs du secteur, et comme un désastre humain.
© 2025 / The Trump White House
Choc
Avec le gel soudain des subsides de l’agence américaine Usaid, les ONG se retrouvent en première ligne face à une crise globale sans précédent.
iStock
Dépendance
Dans leur quête d’autonomie, face aux entraves à leur souveraineté, les pays du Sud dénoncent une dépendance persistante. En Bolivie et au Rwanda, deux acteurs de l’aide internationnale expliquent en quoi cette influence continue de poser problème.
© IHEID
Mue
L’aide au développement a d’abord servi les intérêts des pays qui la promouvaient et a ainsi failli à atteindre ses objectifs. Sa transformation, inéluctable, a cependant besoin d’un cadre pacifique et démocratique.
©Document remis/EPR
Réciprocité
Les besoins de coopération ne vont pas disparaître. Mais l’aide peut se mener avec réciprocité, équilibre, ou sans passer par les pays du Nord. Exemples.
© SEP Talks
Cataclysme
A Genève, une série de huit soirées informelles réunit des acteurs de tous les horizons de l’humanitaire. Abasourdis par l’ampleur des bouleversements, mais porteurs de propositions et d’innovations.
©Mathieu Paillard
Conte
Il y a bien longtemps, les animaux vivaient dans des royaumes organisés: les herbivores, lapins, brebis, moutons, vaches et taureaux, dans le Sud fertile et herbeux; les carnivores, renards, loups et ours, au Nord, dans les froides et sombres forêts.
Ressources supplémentaires

Quelques chiffres 

4,053 milliards de francs 
Aide publique au développement versée par la Confédération, les Cantons et les Communes en 2024 (contre 4,640 milliards de francs en 2023). Cela correspond à 0,51% du revenu national brut. Dans ce montant sont inclus 1,012 milliards de francs de coûts liés à l’asile. Selon l’OCDE, l’aide publique au développement se définit comme l’«aide fournie par les Etats dans le but exprès de promouvoir le développement économique et améliorer les conditions de vie dans les pays en développement». 

862,8 millions de francs 
Montant versé en 2023 par la Direction du développement et de la coopération au titre de l’aide humanitaire, contre 1,695 milliard d’aide publique au développement. L’aide humanitaire est une aide d’urgence ponctuelle mise en place lors d’une crise exceptionnelle ou d’une catastrophe naturelle. 

2,2 milliards de francs 
Prévision des dons de la population suisse en 2024, selon le Zewo. En léger recul par rapport à 2023. L’aide humanitaire est financée par de multiples sources: Etats, populations, entreprises, etc. 

Plus de 300 millions 
Nombre de personnes qui ont eu besoin d’une aide humanitaire en 2024. 

122 millions 
Nombre record de personnes déplacées de force en 2024. 

35,67 milliards de dollars 
Montant nécessaire, selon le Plan-cadre des Nations unies pour le développement en 2025, soit 30,06 milliards de francs suisses au taux de change de décembre 2024. 

23,22 milliards de dollars 
Montant disponible en 2024, selon le même plan-cadre.

 

L’Usaid 

Le 3 novembre 1961 
L’Usaid a été fondée par le président John F. Kennedy dans le cadre du Foreign Assistance Act. Cette agence visait à centraliser et coordonner les efforts américains d’aide au développement dans le monde, jusque-là dispersés entre plusieurs entités. 
Sa création s’inscrit dans une logique de lutte idéologique contre le communisme. L’aide au développement était perçue comme un moyen de stabiliser les pays en développement pour éviter qu’ils ne basculent dans le camp soviétique. 

Depuis les années 1970 
L’Usaid a élargi son action à des domaines comme l’agriculture, la santé publique (notamment la lutte contre le VIH/Sida), l’éducation et la gouvernance démocratique, cherchant à favoriser un développement à long terme. 

Dans les années 1990–2000 
L’agence a connu des critiques sur son efficacité et sa bureaucratie, menant à des réformes importantes pour accroître sa performance et mieux mesurer les impacts. Elle a aussi renforcé ses partenariats avec les ONG, le secteur privé et les acteurs locaux. L’Usaid joue un rôle majeur dans les interventions humanitaires d’urgence, que ce soit après des catastrophes naturelles (séismes, ouragans) ou dans des zones de conflit. Elle est un acteur central dans la diplomatie humanitaire des Etats-Unis. Usaid a un rôle central car elle finance des infrastructures utilisées par d’autres acteurs du développement.