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Foi: que croire et comment ?

Dieu, un bon filon pour les pasteurs, curés, rabbins et imams?

Par
Réponse de
Quand je lis des réponses comme celle de M. Kraege à Caro ("demande d'eclaircissements"), me vient une question que vous trouverez sans doute trop simple : pourquoi faut-il toujours se référer à un Dieu, sorte de père qui voit tout mais qui ne peut rien, ou qui pourrait tout mais ne fait rien. N'y aurait-il pas une dignité d'homme, toute simple, toute modeste mais responsable et adulte, de dire que c'est à chacun de gérer sa vie, son rapport à soi et aux autres, d'apporter ce qu'on peut selon ses moyens, de supporter ses peines et de chercher son bonheur, tout "bêtement", sans parler de Dieu, de Seigneur, de Divinité, etc. Pourquoi se mettre sans cesse sous les jupes d'une présence surnaturelle, qui existerait sans exister, le tout étant d'y croire ? A part que ça donne du boulot aux pasteurs, curés, rabbins et imams de tout poil, qui ont là un bon filon... Qu'en penses-vous ? (je pose cette question mais je pressens que le couperet de la censure va encore tomber...)
VOus avez raison sur un point: c'est bien à nous de gérer notre vie, notre rapport
aux autres, de chercher le bonheur, etc.
Ce qui m'intéresse dans la foi chrétienne, c'est non pas le refuge sous les
"jupes d'une présence surnaturelle", mais c'est le sens.
La vie est insensée, un non-sens en soi. On peut la vivre avec cela, tenter
de donner des réponses personnelles ou devenir nihiliste. On le peut et vivre
très bien. Mais en tant qu'être humain, j'ai besoin de donner du sens à ce que
je vis. Et les réponses que nous nous donnons nous-mêmes sont le plus souvent insatisfaisantes.
Parfois, elles donnent naissance au fanatisme (voyez le nazisme ou le stalinisme,
entre autres.) Je sais bien que le christianisme a également souvent sombré
dedans. Mais je découvre une christianisme pluriel, multiple et capable de refuser
tout fanatisme. C'est en lui que je cherche sens. Plus exactement en Dieu. Bien
entendu, il est aussi un Présence dans la détresse,pas un refuge, et une Présence
dans la joie. Sinon je ne le confesserais pas comme Celui qui nous aime et nous
respecte totalement.
Pour en revenir au sens, tout être humain érige une question vitale en absolu,
qu'il le veuille ou non -c'est comme respirer ou communiquer: on ne peut s'en
empêcher. Et vous? Quelle est la question vitale que vous érigez en absolu,
celle dont dépend votre vie? La recherche du bonheur? Mais c'est quelque chose d'interne
au monde. Et c'est justement de cet aspect interne au monde que naissent les
fanatismes et les désespoirs. Je trouve en Dieu, tel que je le rencontre en
Jésus Christ, la question ultime qui me fait vivre et me garde d'absolutiser mes
réponses. Même mes réponses de foi -qui sont humaines également. Mais si je
suis conséquent avec moi-même et cohérent, je sais que Dieu échappe encore et
toujours à mes réponses. Il reste l'Ultime Question, "Dieu au-delà de Dieu" selon
la belle expression de Paul Tillich.
Je sais ainsi que le christianisme lui-même n'est pas absolu. Que les autres
expressions de la religion sont d'autres façons de reprendre cette Question
Ultime. A condition de ne pas absolutiser les réponses.
Vous avez le droit de penser que Dieu est "un bon filon" pour les hommes et
femmes qui se sont mis au service des autres en matière de réflexion religieuse.
Ce que je peux affirmer, c'est que ce n'est pas un filon rentable! Si j'avais
cherché un "bon filon", j'ausair entrepris d'autres études et me serais lancé dans
une autre profession.