
Pourquoi concentrer tant de haine et de mépris sur Judas ?
Pour en revenir à JUDAS...Pourquoi est-ce lui seul qui concentra ce mépris et cette haine (souffrance bimillénaire de son peuple accusé à tort de perfidie et de déicide) alors que Pierre, sur lequel devait être bâtie l'Eglise de Jésus, l'a renié trois fois avec la plus grande lâcheté, alors que Thomas a douté, que Pierre encore fut traité de Satan ? Alors qu'aucun des apôtres ne se trouvait devant la croix quand la mort traversait le "fils de D;ieu" ? Tant de contradictions me deroutent dans cette histoire, tant de statégies cachées m'interpellent et tant de discours sur Judas me paraissent injustifiés...
Votre seconde question sur Judas dit fort bien tout le danger qu'il y a à lire
trop unilatéralement les textes bibliques. Comme vous le soulignez, d'autres
disciples, tels Thomas, Pierre lui-même - ou encore André et Jean demandant
des places importantes dans le Royaume de Dieu - ne sont pas exemplaires ! Ils
sont appelés à transformer leur manière de voir. Ils ne sont pas des modèles
- ou alors ils sont modèles des erreurs qu'on peut faire et dont le Christ peut
libérer... L'Evangile de Marc en particulier souligne ce rôle anti-modèle des disciples.
Et ses lecteurs sont invités à suivre la piste, se reconnaître dans ces apôtres
errants, prendre de la graine au fil de l'enseignement de Jésus. Ainsi, chaque
fois qu'il est question de Judas, le récit précise : "l'un des douze". Il aurait pu
s'agir de ...Pierre, Jacques ou Jean ! Soit vous et moi... L'Evangile de Marc
lutte contre la tendance à désigner Judas comme le traître et penser qu'ainsi
on a résolu le problème du reniement. Non, c'est une question qui traverse l'existence
de toute personne voulant "suivre Jésus". Comme l'ambition d'André et Jean,
comme le reniement de Pierre, ou son refus que Jésus aille jusqu'à affronter
l'exécution... C'est ainsi qu'à l'annonce de la trahison prochaine, chacun ne
dit pas "c'est lui", mais "serait-ce moi... ?" (cf la réponse à une question
sur Judas du 11 avril 06).
Mais votre question souligne encore quelque chose de très grave : la désapprobation
des générations suivantes, concentrée sur Judas (et n'ayant donc pas compris
la mise en garde de l'Evangile de Marc !) a encore été utilisée pour alimenter
la catastrophique haine contre les Juifs, qui a marqué des siècles de christianisme. Comme
si Judas représentait davantage le peuple juif que Pierre, Jacques ou Jean...
ou Jésus ?! C'est grave et cela a eu des conséquences infâmes. Mentionnons encore
que des textes de l'Evangile sans lien avec Judas (dans Matthieu et dans Jean)
attribuent au peuple juif une responsabilité dans la mort de Jésus, comme pour
disculper les Romains. C'est peut-être compréhensible dans un contexte précis
où ces textes ont été écrits. Mais c'est effrayant que ces textes aient servi de
justification millénaire - et injustifiable - à une haine contre les Juifs qui
a permis d'innombrables crimes.
trop unilatéralement les textes bibliques. Comme vous le soulignez, d'autres
disciples, tels Thomas, Pierre lui-même - ou encore André et Jean demandant
des places importantes dans le Royaume de Dieu - ne sont pas exemplaires ! Ils
sont appelés à transformer leur manière de voir. Ils ne sont pas des modèles
- ou alors ils sont modèles des erreurs qu'on peut faire et dont le Christ peut
libérer... L'Evangile de Marc en particulier souligne ce rôle anti-modèle des disciples.
Et ses lecteurs sont invités à suivre la piste, se reconnaître dans ces apôtres
errants, prendre de la graine au fil de l'enseignement de Jésus. Ainsi, chaque
fois qu'il est question de Judas, le récit précise : "l'un des douze". Il aurait pu
s'agir de ...Pierre, Jacques ou Jean ! Soit vous et moi... L'Evangile de Marc
lutte contre la tendance à désigner Judas comme le traître et penser qu'ainsi
on a résolu le problème du reniement. Non, c'est une question qui traverse l'existence
de toute personne voulant "suivre Jésus". Comme l'ambition d'André et Jean,
comme le reniement de Pierre, ou son refus que Jésus aille jusqu'à affronter
l'exécution... C'est ainsi qu'à l'annonce de la trahison prochaine, chacun ne
dit pas "c'est lui", mais "serait-ce moi... ?" (cf la réponse à une question
sur Judas du 11 avril 06).
Mais votre question souligne encore quelque chose de très grave : la désapprobation
des générations suivantes, concentrée sur Judas (et n'ayant donc pas compris
la mise en garde de l'Evangile de Marc !) a encore été utilisée pour alimenter
la catastrophique haine contre les Juifs, qui a marqué des siècles de christianisme. Comme
si Judas représentait davantage le peuple juif que Pierre, Jacques ou Jean...
ou Jésus ?! C'est grave et cela a eu des conséquences infâmes. Mentionnons encore
que des textes de l'Evangile sans lien avec Judas (dans Matthieu et dans Jean)
attribuent au peuple juif une responsabilité dans la mort de Jésus, comme pour
disculper les Romains. C'est peut-être compréhensible dans un contexte précis
où ces textes ont été écrits. Mais c'est effrayant que ces textes aient servi de
justification millénaire - et injustifiable - à une haine contre les Juifs qui
a permis d'innombrables crimes.

