Je veux volontiers m’exprimer sur ce thème. Je ne représente pourtant pas les pasteurs de Suisse romande. Je suis un pasteur parmi d’autres. Que d’autres répondants de questiondieu.com vous donnent donc aussi leur avis !

        Je ne trouve pas personnellement très intéressant de poser la question à propos de la personne de Jésus en termes de « natures ».Cette manière de faire ne mène qu’à des culs-de-sac. Il n’est, par exemple, pas possible de préciser comment la nature humaine et la nature divine se mêlent en Jésus. Est-ce que, sur la croix, la nature divine est morte elle aussi ? Est-ce que, quand Jésus dit qu’il ne sait ni le jour ni l’heure de la fin du temps, il ne parle qu’en tant que nature humaine ou aussi en tant que Dieu le Fils ? etc. etc.

        Je préfère – avec le monde juif – réfléchir en termes de relations. Et alors pour moi, comme pour les grands témoins néotestamentaires, il n’est possible d’entrer vraiment en relation avec Dieu qu’au travers de Jésus. C’est à cause de cela qu’on le qualifie de Christ, c’est-à-dire de Messie. « Nul ne va au père que par moi » peut-il ainsi affirmer dans l’évangile de Jean (14.6). Mais simultanément, au travers du Nouveau Testament, je rencontre un être humain. Il n’est qu’un être humain et pourtant c’est le seul humain par qui je puisse entrer en relation avec Dieu. Il est le seul visage que je connaisse de Dieu et pourtant il n’est qu’un humain.

        A cela il me faut ajouter une chose : ce n’est pas simplement moi qui décide que je n’ai pas d’autre accès à Dieu que Jésus. Je crois qu’il a été « oint » par Dieu comme l’indique le mot « Messie ». Cela signifie que Dieu l’a choisi pour se faire connaître de manière très spéciale à nous. Et si j’en ai la conviction, c’est que le message de Jésus (paroles et actes) tranche grandement par rapport à tous les messages religieux que je connais. Cette différence réside dans le fait que, chez Jésus, tout dépend de la grâce de Dieu. Il ne l’a pas seulement enseigné ; il a vécu dans cette dépendance. Toutes les autres religions, sagesses et philosophies prétendent que nous avons, d’une manière ou d’une autre, en nous les ressources pour faire au moins un bout de chemin en direction de Dieu.