Le chapitre 13 de l'Apocalypse décrit de manière grandiose le pouvoir totalitaire. Il est représenté par un être - une bête - qui possède un pouvoir absolu (verset 7b). On se prosterne devant lui (4 et 8). Personne n'ose contester son pouvoir (4b). Ses paroles sont pleines d'arrogance. La bête profère des blasphèmes contre Dieu (5-6). Ce pouvoir totalitaire opprime tous ceux qui sont en son pouvoir parce qu'elle s'oppose radicalement à Dieu. Ce détenteur du pouvoir absolu est aidé d'un deuxième être qui est à la fois son premier ministre et son ministre de la propagande (13-14: les signes par lesquels il égare les humains). Cette seconde bête enregistre aussi le nom des partisans et des adversaires du régime totalitaire et marque les premiers d'un signe qui discrimine ceux qui ne le portent pas (16-17).

On peut reconnaître dans cette description le pouvoir totalitaire romain de l'époque où ce texte a été écrit. On peut aussi y déchiffrer tous les pouvoirs totalitaires de tous les temps. On peut y voir également toutes les figures de pouvoir qui auraient tendance à devenir totalitaires. Je ne pense donc pas qu'il faille spécialement rattacher cette description à l'ancien et au faux prophète même s'il y a une certaine analogie entre le peuple d'Israël égaré par ses guides d'Esaïe 9.12-16 et ces bêtes de l'Apocalypse.

Ce qui est par contre particulièrement intéressant, ce sont les deux recommandations faites par l'Apocalypse sur le comportement à adopter face au pouvoir totalitaire. Elles s'adressent à ceux dont le nom est inscrit dans le livre de vie (v.8a), c'est-à-dire à ceux qui vivent de la grâce de Dieu. Au verset 10, il y a d'abord un encouragement à la persévérance et à la confiance pour ces « êtres mis à part par Dieu » (saints). Certes certains iront en captivité. Certes certains seront mis à mort. L'important, c'est pourtant qu'ils persévèrent dans leur confiance que c'est bien Dieu qui aura le dernier mot. Au verset 18, les croyants sont invités - parce qu'ils sont les vrais sages - à démasquer cette bête. Elle n'est qu'un chiffre et un chiffre humain. Elle n'est donc absolument pas d'ordre divin. Il s'agit, en d'autres termes, de dénoncer tout pouvoir totalitaire comme usurpateur du droit de Dieu seul à régner. Certes, cela peut coûter cher. Cela reste toutefois la mission des croyants.